Pierre GIMMIG - Un peintre de la Provence

Pierre GIMMIG et LULU

Ainsi qu’en atteste de nombreuses toiles, Pierre Gimmig aimait peindre la mer. Il aimait aussi naviguer. De 1911 jusqu’en 1918, il posséda un voilier qu’il rebaptisa Pingouin. Pas moins de sept propriétaires, deux guerres mondiales et les  vicissitudes de l’âge n’ont pas détruit cette embarcation. Ce bateau existe toujours, il est même classé aux monuments historiques maritimes. C’est un des plus anciens voiliers français continuant à naviguer, participant activement aux régates de sa catégorie en Méditerranée.

Cotre aurique de 15 m hors tout (avec un grand bout dehors), de 12 m au pont, bas sur l’eau comme les « yachts » de l’époque, étroit avec un bau de 3 m, Lulu de son nom de baptême est construit en 1897 au Petit Gennevilliers par le chantier Texier Fils ainé, sur un plan de Thomas Rabot. Son propriétaire l’initie à la régate, puis le vend rapidement en 1899. Il devient alors Marsouin de 1899 à 1904 aux mains de Pierre Moussette. En 1905, le baron de Neufville l’achète et le baptise Rayon Vert. Aménagé en « yacht de croisière », il est regréé en ketch aurique, plus adapté et plus confortable pour la croisière côtière. Ses navigations de Courseulles à Brest entre 1908 et 1909 furent même relatées dans la revue « le Yacht » à l’époque.

Pierre Gimmig l’acquiert en 1911 et le revend en 1919 à un autre marseillais. S’en suit une histoire classique d’un voilier qui change encore cinq fois de propriétaires. De 1939 à 1952 il est à Monaco entre les mains du marquis Pescara. De 1953 à 1986 il devient Tangaroa, pour être acheté en 1986 à l’état de quasi épave près de Montpellier par Thierry Morgan qui le rebaptise Gunga Din. Ce jeune passionné veut le remettre dans son état d’origine. Pour cela il le fait transporter au Chantier du Guip, spécialiste de la restauration de bateaux anciens en bois. Il revient en Méditerranée pour y régater puis, est vendu en 1999 à « L’Association Lulu » à Marseille qui lui redonnent son nom d’origine. Grâce à ce dernier propriétaire, Lulu est connu et reconnu sur tous les plans d’eau, participant à de nombreuses régates de sa classe et se plaçant toujours fort honorablement.

D’après la légende familiale, Pierre Gimmig réalisait le point astronomique avec un octant et non un sextant comme tous les marins de l’époque ... et pour la petite histoire, le peintre garda deux objets lors de la vente du bateau : une pendule d’habitacle en laiton et une longue vue en cuivre et laiton. Plusieurs décennies plus tard son neveu, qui s’appelait lui aussi Pierre, en hérita. La longue vue intéressa fort ses enfants et participa bien évidemment à de nombreuses aventures de pirates.

Texte de B. GIMMIG, renseignements extraits de «  A la poursuite du rayon vert » de Jean E. Mauviel, illustré par Ronan Olier – Editions Le Télégramme

En régate avec ses sisterships

Photo venant du site http://www.classyachtclub.fr